Une feuille de papier, un pliage, et voilà un livre prêt à être libéré !

Gratuits, pour tous, voilà ce que sont les livres libres. Ils sont d'essence libertaire, leur encre est celle du partage, et du plaisir - le vôtre désormais.

La collection


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BONNE LECTURE !




A vous de jouer

Enfin vous voilà ! Vous n'allez pas le croire mais je vous attendais. D'autres avant vous sont passés, ils ont daigné à peine m'accorder un regard avant de me jeter à la poubelle ou dans le caniveau. Vous ne feriez pas ça, vous ?

Frustration

Objectifs : dans le respect des valeurs du capitalisme radical et de la morale judéo-chrétienne, vous apprendrez à réprimer vos envies les plus fortes, à renier vos idéaux...

A retrouver en ligne sur loeildelours.net

Tout cœur saigne

L’amour des soldats est loin, coule ailleurs.
Enfin seul. La tête crevasse. Le bar fait valser les danseuses, mes yeux suivant leurs hanches intuitivement.

Se taire

Et vous, nos jeunes beautés, ayez l’œil accorte et la lèvre fraîche. Préparez les verres de Gaillac et la fumée des rêves. Rien, dans cette nuit, ne sera délicat

Le chant du muezzin

Je suis un né un jour comme les autres, avec des millions d'autres. Rien de plus. Le dernier de la fratrie. Quand elle a su qu'elle était en enceinte de moi, ma mère l'a dit à mon père, lequel a dit « tant pis », ou bien « c'est pas grave ». Bref, rien que de très ordinaire pour un cinquième.

Dis donc

4 juillet
De quelle couleur étais-tu aujourd'hui, moi c'était plutôt céladon ? 
– Gris-bleu ... oui gris-bleu.

 5 juillet
– Au sommet des abysses il n'y pas de violet.
– Mais à l'ombre des sommets, oui. 
– C'est vrai, c'est même là que Gauguin le piégeait.


Nous étions de fiers barbares

Chez nous, pas de potager bien ordonné. Nous étions mangeurs de viande, pas cultivateurs de cucurbitacées… A peine y avait-il une poignée de radis lâchée dans le parterre d’Impatience, à elle de se débrouiller.

Un portrait

Il déambulait comme un petit coq derrière son bureau de stagiaire pistonné, passait la main dans sa chevelure dorée et finissait par déclarer avec « eu veri frentch akzent » à ses prolos de collègues saisonniers, que plus tard il irait vivre aux States.

Vie de con

Quand je suis revenu d'Algérie, j'étais dégoûté : toute cette sueur pour rien dans le plus beau des pays du monde. Toute cette douleur en vain dans les caves... et ces hurlements : 
_ Où tu as posé la bombe sale crouille ? 
_ Aaaarghhhh …
 _ J'comprends rien. Putain t'es con, tu veux souffrir. Bon, c'est ton affaire !

Parfois c'étaient des femmes.

L'infinie tendresse des théories d'oiseaux

Ah, d'où me vient cette certitude
sans cesse réconfortante d'avoir un
jour palabré et médité avec les
grands singes gorilles ; un autre
jour, mais pas ailleurs, d'avoir
dîné avec quelques lionceaux des
restes d'un zèbre avec lequel
justement la veille j 'avais parlé
voyage et bagage.


Une bouteille à la mer

Elle avait été lâchée, jetée.

Elle était seule au milieu des flots. Qu’allait-il lui arriver ? Jusqu’où dériverait-elle ? Pourrait-elle faire face, seule, à la tempête qui s’abattait sur elle ?

Le tailleur de crayons

Tous les matins à six heures,
Il se levait, s’habillait,
Mais restait dans sa demeure,
Car c’est là qu’il travaillait.


Il taillait les crayons,
Pour tous les gens des bureaux,
Des gratte-papiers au patron,
C’était ça son boulot.
Il mettait un point d’honneur,
À tailler les pointes fines,
Et ne faisait en une heure,
Jamais plus de vingt mines.




Bassorah

J’ai vu hier soir aux infos
Tes grands yeux noirs qui ne comprenaient pas
Après Saddam et l’embargo
Ces tonnes de bombes qui tombaient près de toi


Un été

Curieusement, de près, il était encore plus petit que de loin. Tassé. Le poids du sac à dos ou celui des années. Il n'était pourtant pas vieux, mon père : 54 ans.

Les bruits de la maison

Je connais tous les bruits de la maison et le froissement du rideau à ton passage. La porte du garage qui gronde sur son rail au loin annonce ta venue. On dirait un bref ronronnement d’aise, ou peut-être le lancement d’une mécanique qui prend son élan avant d’aller, de sa propre inertie, vers l’extrême pointe de la soirée, quand, dans le lit tu te retournes et qu’une main alerte et vive comme un oiseau mutin se pose sur mon torse en cette heure où l’on va basculer.

Aller simple

Je n’ai guère eu le loisir de profiter du beau temps. Mais je le jure, il faisait un soleil radieux. Dehors c’était fête et musique de fanfare. Ils diront, bien après, que je suis venue par derrière, en traître. Ce n’est pas mon genre. Issue d’une honorable fabrique du Texas j ’ai été élevée dans l’honneur, l’amour de Dieu, le goût immodéré de la Patrie, le respect de la country music et la compassion pour les Noirs quand ils savent rester à leur place (c’est-à-dire, selon nous,
à l’office).


Haïkus secs

sur notre histoire
j 'ai fait une croix
une croix au crayon de bois


 Carton

Elle vient de fermer le dernier
carton. Elle est pâle, comme les
murs de la chambre de ses enfants
sans leurs posters de stars. Onze
mois et quatorze jours qu’ il est
parti. Et c’est à son tour de partir.



Ashuri

C'était comme un matin, ni plus ni moins, mais un matin sans veille. C'était l'impression d'être déjà levé sans s'être réveillé. C'était un jour en somme et qui roulait au rythme d'une pendule détraquée, une cadence hasardeuse où le temps menaçait de s'écrouler à chaque instant. Mais ça n'arriverait pas, ça n'arrive jamais

 Un cœur écorché

Tout passe avec le temps,
me disait-on.
Mais le temps s'est arrêté
quand tu m'as quitté.



Souffler dans un cadavre

Une petite cornemuse de bois noir, cerclée de ses bagues d'étain, faisait danser hardiment les filles jolies de ferme et les bouviers vigoureux. A la fin du bal, dans les granges son souffle au loin, devenu mélancolique, accompagnait délicieusement le rythme des soupirs, les brefs gémissements d'aise...







comme ça

La vie...
C'est pas grave.













Highway to Hell

C’est arrivé au moment où je traversais
Brion-près-Thouet. Avril ; le 1 6. Un
mercredi. Le jour finissant, le soleil envisageait
de disparaître derrière le bois de
Sanzay. La lumière était parfaite,
orangée, discrète et pleine de mélancolie.

...






Chanson des médicaments

L'histoire qui suit s'est déroulée
à La Poste de Thouars, c'est dire si
elle est vraie, quoique romancée
toutefois, mais si peu...


Quand PP termina ses photocopies,
il restait un crédit dans la
machine. Le hasard fit que ce jour-là
traînait sur une table à côté une
feuille de papier peut-être abandonnée
ou bien qui attendait ; mais qui
attendait quoi ?




Boum !

Au bout de trois heures de travail Ludwig épongea paresseusement son front ruisselant de sueur avec son avant-bras.
Après le décès de sa grand-mère, quand il s'était proposé de vider la vieille maison de la rue du Château, il n'imaginait pas que les sous-sols recéleraient autant de vieilleries inutiles et que les allers-retours à la déchetterie de Louzy seraient si nombreux.
Ludwig se serait bien reposé un peu mais cette seconde cave l'intriguait tant qu’il décida de continuer.
Dix minutes plus tard il pouvait, avec moult efforts, pénétrer dans la pièce sombre et humide et allumer sa lampe-torche.
- Oh putain ! jura-t-il.
...





Au Comptoir

Sur un coin du comptoir, d'un bistrot la maison
Nous bavardons tous las, s'attardant au plaisir
D'un vil discours savant, d'un alcool pour loisir
Ô ! Plus qu'aucun pot bu n'apporta sa raison.
...




Camion

Ce fut un étrange pêle-mêle, très
coloré. Il ne manquait que le bruit
désuet du projecteur de diapositives.
Un pendule bienveillant qui tourne au
dessus du lit blanc à barreaux. En
pyjama orange, le pouce dans la
bouche. Un balcon qui donne sur la
place au bout de laquelle se trouve
l'épicerie où il y a des Chocos. Une
vieille maison immense en chantier.
Un vélo rouge, dans les chemins de
terre.

...




Tragique voyage en ballon dans la maison

Je lui avais promis de fêter le
premier anniversaire de notre rencontre
d'une façon extravagante. A
l'image de cette journée bénie quand
nous nous sommes vus pour la première
fois dans la corbeille à pain.
Elle avait une miette au bord de la
lèvre. Elle était adorable.

...


















LA VILLE ABANDONNÉE

Envahisseur casqué de sucre
La fuite du silencieux serpent
Divertit les traces,
Comme une armée dissimulée
Il trompe les cœurs dans la débâcle.
Le chant nuisible de la chouette
Grand yeux, grands cieux
Sur le faite abandonné
Des pierres usées par les étoiles,

...





L'un et l'autre

Elle s'était blottie dans ses bras
pour mieux lui chuchoter à l'oreille
un « je t'aime » qui se voulait pareil à
un bisou qu'on glisse dans le cou, un
bisou aussi doux qu'une caresse et
léger comme un souffle, mais son
cœur battait très fort et elle avait un
peu peur, peur du pas de géant qu'ils
s'apprêtaient à franchir ensemble.
...





En triant des boulons

Le travail manuel possède une
odeur singulière. Puissante comme
une sueur d'homme, quand le métal
rouge est plongé brutalement dans
l'eau au trempage, ou parfois, plus
rarement, hélas, dans l'huile ; c'est
alors une haleine lourde qui s'exhale.
Le liquide bouillonne brièvement
autour de la pièce qui perd en un
instant ce concentré d'énergie dans
laquelle s'incarnait sa puissance
vibrionnante.

...

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